Jorge de la Torre...
Frida y Diego. From
Works by Jorge de la Torre at la galerie in Brussels, Belgium. (be) "...Les graveurs sont des gens curieux. Le cinéma, les journaux, les ordinateurs, le monde entier est passé à la couleur depuis un demi-siècle, eux non. Une corporation un peu à part, une caste. Des transmetteurs d’un savoir faire, d’un art de faire qui marqua la bascule du moyen âge en Renaissance. Des perpétuateurs d’une esthétique doublée d’éthique. Des sortes de résistants. Un pied dans le passé, parfois les deux.
Jorge de la Torre fait exception, de façon singulière. Lui prend pied dans le présent. Et refuse la gravure toute faite, seule attitude digne de son illustre homonyme (véritable, son nom est la traduction littérale de...Georges de la Tour, le grand peintre français du XVIIe) auquel rien ne le rattache hors le souci de radicalité.
Il existe beaucoup de graveurs, il existe peu de styles. Les graveurs semblent toujours faire écho à la tradition. Pas de la Torre. Non pas parce qu’il fasse de la gravure moderniste, au contraire. Simplement, lui, tourne le dos à tous les « bons genres » de la gravure néo-académique : la xylographie archaïsante (fort prisée par la BD dite nouvelle, chez Fremok ou L’Association), le photoréalisme décalcomaniaque pour grisailles urbaines, la matière noire, le clair obscur. Non, la gravure, il la réinvente, à partir de presque rien, le trait, le trait partout visible comme un point de départ hypothétique, hasardeux, risqué."